Certains soirs de cafard On en a plus que marre On roule des idées noires Parlez pas de printemps De soleil ni d'enfant Mais parlez-moi de pluie D'un beau ciel gris Et vive la douce mélancolie Et l'ennui Cachez-moi toutes ces choses Qui font la vie en rose Et laissez-moi, j'ai ma dose Je suis allée un soir Avec mes idées noires Voir un passeur de cafard Il avait cent-dix ans Il m'a dit “Mon enfant Nous passerons demain Amène ton chagrin Ne t'en fais pas et dors bien À demain” De grand matin debout Chagrin autour du cou J'étais à son rendez-vous Et il m'a fait passer C'était l'autre côté Dans un immense grenier On voyait des miroirs Des milliers de miroirs Reflétant mon cafard Défilant des espoirs “Regarde-toi, me dit-il C'est fini” Sur un geste de lui Les miroirs ont souri Et doucement, il m'a dit “Tu es guérie”