(Serge Lama - Yves Gilbert) Par un jour à fuir les églises Tout tremblotant de vapeur grise Un jour à enterrer les morts A pas mettre un vivant dehors Un jour à brûler les torchons Un jour à nourrir les cochons Quand on s'aperçoit tout à coup Que la première ride vient au cou. Ce matin, ce matin-là J'en verrai une de vingt ans Une qui montrera ses dents Mais qui me fera non Du bout des yeux Par un jour où le temps va vite Le cœur déguisé en guérite A l'heure blême où sous les préaux Les enfants ont de grands manteaux Un jour où tous les escaliers Monteront mon cœur au grenier Parmi les photos, les fauteuils Les fautes de goût, les faux deuils. Ce matin, ce matin-là J'en verrai une de vingt ans Une qui aura mis des gants Mais qui me fera non Du bout des yeux Qui sait par un matin peut être Où j'aurais peur de disparaître Un matin où le cœur fait mal Quand les souvenirs font la malle Un matin de trop d'habitudes Par un trop plein de solitude Je m'en irai le dos voûté Comme les pauvres et les curés Ce matin, ce matin-là J'en verrai une de vingt ans Une qu'ils auront mise en blanc Mais qui me fera non Du bout des yeux Et je deviendrai vieux