Il pleut, il pleut, bergère, Presse tes blancs moutons, Allons sous ma chaumière,Bergère, vite, allons. J'entends sur le feuillage L'eau qui tombe à grand bruit ; Voici, voici l'orage, Voici l'éclair qui luit. Entends-tu le tonnerre ? Il roule en approchant ; Prends un abri, bergère À ma droite en marchant. Je vois notre cabane Et tiens, voici venir Ma mère et ma soeur Anne Qui vont l'étable ouvrir. Bonsoir, bonsoir, ma mère, Ma soeur Anne, bonsoir ! J'amène ma bergère Près de nous pour ce soir. Va te sécher, ma mie, Auprès de nos tisons. Soeur, fais-lui compagnie ; Entrez, petits moutons. Soignons bien, oh ma mère Son tant joli troupeau ; Donnez plus de litière À son petit agneau. C'est fait, allons près d'elle Eh bien donc te voilà En corset, qu'elle est belle Ma mère, voyez-la ! Soupons: prends cette chaise, Tu seras près de moi ; Ce flambeau de mélèze Brûlera devant toi : Goûte de ce laitage ; Mais tu ne manges pas ? Tu te sens de l'orage ; Il a lassé tes pas. Eh bien, voilà ta couche ; Dors-y jusques au jour ; Sur ton front pur, ma bouche Prend un baiser d'amour. Ne rougis pas, bergère : Ma mère et moi, demain, Nous irons chez ton père Lui demander ta main.