Content de te voir, mon vieux willie mcbride J'ai marché longtemps pour arriver jusqu'à toi Permets que je m'assoie un instant sur ta tombe Il fait chaud, fatigué, et le soleil me plombe Je lis sur la pierre que tu n'avais pas vingt ans Quand en mille neuf cent seize tu as rejoint en chantant La grande hécatombe, celle qui t'a volé Ta jeunesse et ta vie dans l'immense charnier A-t-on joué du tambour Du fifre, au petit jour Comme marche funèbre Lorsqu'ils t'ont mis en terre ? Ont-ils joué "the last post" pour tes restes Et puis les cornemuses "flowers of the forest" ? Es-tu resté vivant dans le cœur d'une belle Quelque part au pays des vertes vallées ? As-tu toujours vingt ans pour ce cœur si fidèle Qui te pleure chaque jour et t'aimera à jamais ? Ou bien n'es-tu plus qu'un très lointain souvenir Qu'une photo jaunie, abîmée, oubliée Accrochée dans un coin dans un vieux cadre en cuir Recouvert de poussière depuis tant d'années ? À présent le soleil se couche sur les prés Et une douce brise fait se plier les fleurs Les rouges coquelicots, rouges du sang versé Envahissent les tombes en tapis de couleurs Oubliés la mitraille, les gaz, les barbelés Que des milliers de croix à perte d'horizon Des milliers de nos frères décimés et damnés Par la folie des hommes amoureux des canons Je dois te quitter, mon vieux willie mcbride Mais je voudrais encore te demander ceci Pensais-tu vraiment que cette folle guerre Mettrait fin pour toujours à toutes les guerres ? Croyais-tu qu'elle serait la dernière de toutes ? Savais-tu que les hommes en suivant cette route Ont continué les tueries, la barbarie, la mort Que le feu a tonné encore et encore ?