LE PETIT PRINCE: Tu ne t'en souviens donc pas? Si, si, c'est bien le jour, mais ce n'est pas tout à fait ici. Tu n'as qu'à m'attendre, j'y serai cette nuit. Tu as du bon venin? Tu es sûr de ne pas me faire souffrir trop longtemps? L'AVIATEUR: Quelle est cette histoire-là? Tu parles aux serpents maintenant? LPP: Dessine-moi une muselière pour mon mouton. N'oublie pas, je suis responsable de ma fleur... A: Je ne savais rien dessiner que des boas fermés et des boas ouverts. LPP: Oh ça ira! Les enfants savent... A: Petit bonhomme, tu as des projets que j'ignore? LPP: Tu sais, ma chute sur la Terre, c'en sera demain l'anniversaire. J'étais tombé tout près d'ici. A: Alors ce n'est pas par hasard que ce matin je t'ai rencontré, il y a huit jours. Tu marchais seul, à mille milles de toute région habitée. Tu retournais vers le point de chute. À cause peut-être de l'anniversaire? LPP: Cette nuit, ça fera un an. Mon étoile se trouvera juste au-dessus de l'endroit où je suis tombé l'année dernière. Le serpent m'a promis de... m'aider. Tu sais, on aura toujours rendez-vous. C'est comme pour la fleur. Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile c'est doux la nuit de regarder le ciel. Toutes les étoiles sont fleuries. A: Bien sûr. LPP: C'est comme pour l'eau. Celle que tu m'as donnée à boire est comme une musique, à cause du chant de la poulie et de la corde. Tu te rappelles? Elle était bonne. A: Bien sûr. LPP: Tu regarderas la nuit les étoiles. C'est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. Mon étoile, ce sera pour toi une des étoiles. Et puisque je rirai dans l'une d'elle, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Ce sera comme si je t'avais donné au lieu d'étoiles des tas de petits grelots qui savent rire.